Le dernier rail sera symboliquement soudé à la mi-septembre. La ligne à grande vitesse sera inaugurée en mars par Jacques Chirac.
NANCY. _ Les trois cents kilomètres de voies sont installés, il ne reste qu'un petit bout de rail à poser symboliquement, au milieu du mois (le 20 septembre), par le ministre des Transports, probablement accompagné par le Premier ministre, Dominique de Villepin.
Le TGV a commencé à tester la ligne entre Reims et la gare Meuse au mois de juillet. Une rame duplex toute neuve s'est élancée à 325 km/h sur 80 km et d'autres essais sont actuellement en cours pour tester la résistance des rails et des ouvrages d'art, l'alimentation électrique et la signalisation à la vitesse réduite de 200 km/h.
Enfin, à partir du mois de novembre, une rame TGV s'élancera pour trois mois et demi de tests de montée en vitesse sur toute la longueur de la ligne.
Le bout du tunnel
« Pour obtenir l'homologation de la ligne à grande vitesse, le TGV-Est doit répondre à tous les critères de sécurité à la vitesse commerciale de 320 km/h plus 10 %. Toute la ligne sera donc testée à la vitesse de 360 km/h, soit une vitesse de 100 mètres/seconde », explique Vincent Rousselot, chargé des équipements ferroviaires chez Réseau Ferré de France (RFF).
Le constructeur et propriétaire de l'infrastructure ferroviaire, RFF, voit maintenant le bout du tunnel. Son chantier du TGV-Est, le plus grand d'Europe, arrive à son terme et il prépare maintenant son inauguration en grande pompe par le président Jacques Chirac, au mois de mars.
Ensuite, ce sera à la SNCF, l'exploitant de la ligne, de lancer commercialement le TGV-Est, le 10 juin 2007, en faisant la fête tout au long du parcours. Un événement attendu dans les 21 villes desservies dans l'Est de la France mais aussi au Grand Duché de Luxembourg et en Allemagne. La SNCF a déjà présenté ses horaires. Reste à dévoiler les tarifs, en début d'année prochaine.
En tout cas, sur la ligne tout est prêt pour une livraison dans les temps. Même le différend avec le Parc naturel de la Montagne de Reims au sujet de l'implantation de la ligne à haute tension en bordure du Parc pour alimenter les caténaires du TGV, n'a pas entraîné de retard. La ligne électrique est en cours d'installation.
Une logistique sans failles
Si l'équipement ferroviaire du TGV-Est sur les 300 km du parcours de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) à Baudrecourt (Moselle), se résumait à des chiffres, il faudrait citer les quelque 1.300 km de rails, usinés à Hayange, le million de traverses installées et les trois millions de tonnes de ballast. Un chantier colossal qui a exigé une logistique sans failles, améliorée de l'expérience encore proche du TGV Méditerranée.
« La pose des voies, de la signalisation et des caténaires a avancé au rythme de 600 mètres par jour », raconte Vincent Rousselot. « Tous les jours il fallait amener sur le tracé huit trains de ballast mais cette nécessité en supposait le double : quatre trains en chargement, quatre en déchargement, quatre dans la carrière et quatre sur les routes », dit-il.
Préparer la 2e phase
Maintenant, l'heure est au démontage. La première des trois bases travaux, celle de Saint-Hilaire, dans la Marne, qui avait eu le privilège de la pose du premier rail de la ligne en octobre 2004, évacue sa plate-forme servant à la réception des matériaux. A sa place sera installée une base de maintenance de la ligne, tout comme à Pagny-sur-Moselle.
Pourtant, cette fin ne doit pas être celle du TGV-Est européen, en cul de sac à Baudrecourt. Pour ne pas compromettre l'avenir et sa continuation, à grande vitesse, jusqu'à Strasbourg, RFF a commencé les travaux de génie civil de « décrochement » de la ligne au niveau de Baudrecourt. Une préparation du terrain pour qu'au moment où la 2e phase (Baudrecourt-Strasbourg) du TGV-Est sera décidée, les TGV en circulation ne gênent pas les travaux de construction de la fin de la ligne.
Armelle ROUSSEAU