Damblain : route nouvelle pour zone fantôme

Sur le haut du talus, un tracteur achève de tondre les herbes folles qui bordent le nouveau tronçon de route. Dans quelques minutes, une 206 Peugeot s’aventurera pour la première fois sur la RD 122 que le M. Routes du conseil général Yvon Eugé vient d’inaugurer, sous un crachin insidieux. Mais ne dit-on pas inauguration pluvieuse, inauguration heureuse ? Certes non, on ne le dit pas, et encore moins hier matin sur les six kilomètres de bitume qui relieront désormais l’échangeur de Robécourt situé à une sortie de l’A 31, au « Parc d’activités-Cap Vosges Damblain ».

Seulement voilà, si le panneau est déjà posé, sous ceux indiquant Damblain à 6 km et Breuvannes à 10 km, la fameuse « zone de Damblain », ancien camp de l’OTAN acquis par le conseil général pour 1,2 million d’euros en 2004, n’a jusqu’à présent pas tenu ses promesses. Quatre ans après avoir été déclaré d’utilité publique, en novembre 2007, le parc d’activités demeure à l’état d’une vaste friche qui aurait pu accueillir, entre autres, le logisticien Deret-Prologis. Aurait pu seulement, car la crise est passée par là. « Quand on a acheté le parc de 300 hectares, on avait des promesses d’achats supérieures à sa superficie, souligne Olivier Ramond, directeur du développement des infrastructures et des transports au conseil général, en charge du projet depuis l’origine. On avait Thalès pour 90 ha, GSE pour 60 ha, Deret pour 300 ha… » Et puis plus rien.

Voie sans issue ?
« Pour mener à bien un projet de parc d’activités de cette ampleur, il faut compter en moyenne dix ans ; nous avons mis sept ans. Il s’agit d’un très bel outil mais qui a abouti à une mauvaise période. » En 2010, Deret a en effet rompu le compromis de vente. Envolé donc, le vaste projet qui prévoyait, sur 242 hectares, la construction de quatorze bâtiments de stockage pour un investissement de 300 millions d’euros, avec à la clef la création de 1 500 emplois. Le futur trafic avait alors été estimé à 5 400 véhicules/jour, dont 3 400 poids lourds. On en était loin hier, n’en déplaise au président Poncelet qui, parti pour la Russie le matin-même – malheureuse coïncidence –, n’aura pas pu inaugurer l’unique, donc symbolique, réalisation relative au « projet Damblain ».

« Les vice-présidents sont là pour pallier aux absences du président », a justifié Yvon Eugé. Et de préciser avec assurance : « Pour Damblain on a des contacts ; le calendrier, on le met à jour tous les jours. On assume notre entêtement. » Dût-il coûter des millions d’euros à la collectivité, soit 19 millions supplémentaires pour la route inaugurée hier.

Le temps passant, l’unanimité qui avait accueilli le projet initial au sein de l’assemblée départementale, comme l’a rappelé le conseiller général du canton de Neufchâteau Simon Leclerc, s’est délitée. La polémique a enflé, précisément face à l’entêtement du Département et des élus de la majorité départementale qui, à l’instar d’Alain Roussel, conseiller de Monthureux, veulent croire de manière inconditionnelle à l’attractivité du lieu et que « Damblain pourrait être une bouffée d’oxygène pour le sud-ouest vosgien ». La suite au prochain épisode donc, sachant qu’une dizaine de millions d’euros ont d’ores et déjà été provisionnés pour réaliser, à l’horizon 2012, une liaison ferroviaire...

Claire BRUGIER / Vosges Matin du 09/09/2011