L'avenir du transport interurbain

Bonsoir à tous !

Comme chacun le sait, le transport interurbain de voyageurs connaît depuis pas mal d'années une certaine mutation, découlant de divers facteurs qui se conjuguent : désertification de certaines campagnes, croissance des moyens de mobilité personnelle, mais aussi extension des périmètres urbains pour des résultats pas forcément très optimaux (T.A.D. au rabais, même s'ils ont au moins le mérite d'exister !). Lire aujourd'hui des tableaux horaires des années '70 fait souvent rêver, lorsque l'on constate qu'il y a désormais tant de dessertes réduites à un aller-retour quotidien, souvent limité aux jours de classe.

Dans ce contexte, c'est avec une grande attention que j'ai lu dans le magazine Connexion - Bus et Car l'information donnée par le Président du Groupe d'autocaristes REUNIR, que je me permets de reproduire ci-après :

"Alain-Jean Berthelet, président de Réunir, et dirigeant des Cars Berthelet, en a profité pour interpeller les élus locaux : « Certains confères sont actuellement victimes d’un chantage scandaleux. Ils sont convoqués au conseil départemental par le directeur ou le vice président aux Transports qui leur déclare : vous avez gagné un appel d’offres, vous avez réalisé les investissements, vous avez embauché. C’est bien. Mais nous allons tout de même casser le contrat de 9 ans que vous avez gagné il y a 3 ans car le cadre a changé ».

Alain-Jean Berthelet reproche aux Départements de renégocier leurs marchés alors que la Loi NOTRe va transférer une bonne patrie de la compétence transport aux Régions. Cette astuce doit permettre au délégant de réduire son futur transfert financier. « Nous avons au moins dix exemples en France, s’insurge Alain-Jean Berthelet. Les offres sont réduites jusqu’à moins 15%. Certes, le service est également réduit dans les mêmes proportions. Mais c’est immoral et cela va conduire à une offre de transport insuffisante dans certains territoires »."

En analysant cet exposé, on se dit que le cynisme des instances politiques est décidément sans limite ... Les chantres du "toujours moins de dépenses publiques" vont être aux anges.

Malheureusement ce problème se pose aussi pour les transports urbains qui ont globalement tendance à voir leurs offres diminuées d'année en année...
Certaines villes essaient déjà de maintenir au moins l'existant comme ils le peuvent pour éviter toute baisse d'offre de service.

Le problème de fond est aujourd'hui que chaque personne se déplace beaucoup plus qu'auparavant. Les transports en commun n'ont pas suivi ces changements et dans beaucoup de cas se retrouvent inadaptés ou non-concurrentiels face à la voiture. Ce qu'il faudrait c'est la réalisation de vraies études de déplacement à l'échelle des villes, des départements et des régions.
Certains secteurs ont peut être trop de dessertes journalières pour un résultat mitigé alors que d'autres pas assez. Idem avec la capacité des véhicules. De plus, lors des aménagements urbains, il est indispensable de mieux prendre en compte les différents modes de transport ! Ce n'est toujours généralement pas le cas en 2016 !

Un exemple intéressant en Alsace qui pourrait servir d'exemple ailleurs : la RN4 entre Strasbourg et Wasselonne qui comporte des voies dédiées pour les cars pour améliorer leur cadence.

Excellente initiative, effectivement, que cette voie dédiée depuis Wasselonne (je ne savais pas qu'elle était déjà opérationnelle, merci pour l'info !).

Je suis moi aussi partisan de réelles études, par sondage direct des travailleurs (pas en engraissant d'inutiles cabinets de consultants qui travaillent depuis Paris !) pour sonder les réels besoins. De mon point de vue, on devrait pouvoir, avec l'interurbain, arriver dans les villes selon la densité de peuplement d'origine tous les 1/4 h ou 1/2 h de 7 h à 9 h 30, puis en repartir selon le même mode de 17 h à 20 h.

Je persiste à penser que le clivage urbain / interurbain est néfaste et repose la problématique du saupoudrage des autorités organisatrices. Je suis favorable au cabotage des cars interurbains vers les pôles d'attractivité des agglomérations, sans rupture de charge. Les réseaux urbains sont de toute façon bien assez saturés aux heures de pointe.

Bonsoir !

Le Département du Bas-Rhin a rejoint la politique de nombreux homologues en décidant la suppression de la gratuité du transport scolaire pour les collégiens. La nouvelle qui surprend, en revanche, est celle de la suppression du transport scolaire pour les lycéens, appelés à faire usage des lignes régulières. Certes, le réseau du Bas-Rhin est dense, mais il ne saurait être aussi affiné que la desserte scolaire. Voir l'article de Connexion Bus et Cars :

http://tre.emv3.com/HS?b=wyaSU9Ms9Jghh-bA-TglaoXxHMByUIsmPd7qEpzpoL19TYxPWN2Qb44szvG9RHwB&c=yeISgAXvAiDSvO8y1f55lg

En sous-oeuvre, j'ai la ferme impression que l'on pousse par tous les moyens les parents à transporter eux-mêmes leurs enfants.

La municipalité de Rambervillers a décidé d’arrêter le service de bus de la mi-journée pour les élèves de maternelle et primaire.

Une décision prise apparemment sans concertation préalable par les élus, qui obligera les familles à aller récupérer elles-mêmes leurs enfants à l'école où à les inscrire à la cantine (dont le tarif vient récemment d'augmenter) dès la rentrée prochaine.

Certaines familles dont les enfants sont scolarisés dans une école maternelle de la ville s'interrogent : il n'y a pas de cantine dans leur école. Non seulement les parents devront obligatoirement  inscrire les enfants à la cantine (et payer la facture qui va avec),  mais ils devront également acheter la (les)carte(s) de transport scolaire permettant a leur (s) enfant(s) d'utiliser le service de transport scolaire départemental qui les transportera à la cantine se situant dans une autre école...

Les familles devront également régler des frais de garderie (entre la fin du repas à la cantine et le début des cours l'après-midi)...

A noter qu'il existe également à Rambervillers, une école privée qui scolarise les élèves de la maternelle au collège. Cette école dispose d'une cantine.

( http://c.vosgesmatin.fr/edition-de-saint-die/2016/06/30/vosges-la-suppression-des-bus-de-midi-passe-mal-a-rambervillers )

Salut !

D'autres nouvelles en vrac :

- Meuse et Ardennes : décisions similaires à celle du Bas-Rhin, à savoir la fixation d'un tarif pour les usagers scolaires, applicable dès la rentrée de septembre
- Faulquemont (Moselle) : le transport des écoliers intra-muros est remis en cause : fronde des parents au travers de nombreux articles de presse ; la décision finale doit intervenir très bientôt

Salut !

Je poursuis sur le sujet en confirmant que pour Faulquemont, la suppression du transport scolaire intra-muros est actée.

Du côté du Bas-Rhin, on s'attaque très sérieusement aux lignes régulières. Bientôt, le samedi aura rejoint le statut du dimanche (en Moselle, la plupart des lignes du Saulnois sont déjà passées en régime T.A.D. à la dernière rentrée de septembre pour les services du samedi) :

http://www.bas-rhin.fr/transports/reseau-67/modification-lignes-reseau-67

Salut !

La prise de compétence régionale se trouve désormais en phase opérationnelle. Un article résume la situation :

http://stats.info.grandest.fr/l/62054344/fQhWr0Al1YFK9gLgfbmk0FTYVda1vXx0G9WSSv7LYTNc8j7268JL4ODPqOwIa6Ko23sI3ro8fkk_3d/i.htm

Il me semble appréciable que la gestion s'organise autour de douze pôles territoriaux, afin que puisse être privilégiée la connaissance du terrain. Je m'étonne toutefois que l'on ne s'attache à aucune description d'un modèle d'harmonisation vers lequel il faudra pourtant bien tendre pour respecter l'égalité d'accès au service pour le citoyen sur l'ensemble du territoire. Je reconnais toutefois qu'il n'est pas simple de s'atteler à cette question, tant le domaine est vaste et les enjeux financiers importants. Un relatif statu quo pourrait aussi s'expliquer par le fait que les extensions de périmètres communautaires restent d'actualité. Des pans entiers de la compétence avaient en effet déjà échappé aux départements ces dernières années.

Bonsoir !

La Région Grand-Est vient de lancer deux appels d'offres localisés pour le Bas-Rhin, concernant pour l'essentiel les Vosges du Nord, la Vallée du Rhin dans le secteur de Wissembourg et les environs de Sélestat. La mise en concurrence porte sur :

- 156 lignes scolaires

- 9 lignes régulières dont Saverne - Sarre-Union

- 6 lignes touristiques

On constate une fois encore que le champ des contrats se réduit à un an, assorti de trois prorogations annuelles au maximum, ce qui laisse peu d'espoir à des investissements de qualité au regard des piètres perspectives d'amortissement du matériel roulant.

Toutefois, s'agissant des lignes régulières, on parle d'affrêtement. Cela signifierait-il que la Région envisage de poursuivre l'expérience menée par le Département avec les lignes de la C.T.B.R., en faveur desquelles l'autorité organisatrice investissait dans le matériel, le transporteur se contentant d'exploiter ?

Bonsoir !

Le réseau du Grand-Est devrait prochainement prendre la dénomination FLUO (orthographe à confirmer) et donner lieu à l'adoption d'une charte graphique.

L'instance régionale a validé la gratuité du transport scolaire pour l'ensemble des départements, en faveur des écoliers du premier degré.

Normalement, la marque Fluo sera présentée fin avril pour une entrée en vigueur début juin.
Elle concernera bien entendu tous les transports interurbains (réguliers comme scolaires) et ferroviaires sous la responsabilité de la Région. Le logo devrait se marier à merveille avec la "livrée" des autocars intégralement blancs aux quels nous somme désormais habitués depuis la réforme territoriale.

Par chez nous, y'a pas mal de gris aussi

Par contre, le logo reste de la même couleur que l'ancien, on sera pas trop perdus

Mercedes Intouro ET 079 DV Launoy Tourisme

Je crois que je viens de capter ce qui rend les décos d'aujourd'hui aussi fades: elles sont minuscules!


C'est quand même malheureux toute cette place perdue sur un si gros engin, a l'époque, les cars Stahv ou Prêt a partir étaient mieux remplis que ça, et ça rendait super bien

Heureusement, on a encore Marcot

Bonsoir !

Je rebondis sur le commentaire. Effectivement, beaucoup de bruit pour pas grand chose. Enfin, les commerçants qui vendent les étiquettes se frottent les mains et surtout se remplissent les poches. Cela fait combien de mois qu'avaient été apposés les "Grand-Est" ...???

Bonsoir !

J'avais relevé il y a quelques semaines un appel d'offres relatif à la restructuration de la gare routière de Château-Salins. Les travaux sont en voie d'achèvement et se soldent par un superbe parking ... pour les bagnoles. Il semble qu'un bateau de deux emplacements soit en cours de finition en bordure de route pour les transports en commun. Tout ça pour ça !!!

Les 4 autocars de Keolis stationnent sur le parking poids lourds à quelques centaines de mètres de là ; les TGE, bien plus nombreux, sont introuvables. Pour peu qu'ils soient désormais stockés à Vic-sur-Seille, il sera désormais impossible de faire le point ou de prendre des photos (parking séparé de la départementale par un talus, grillagé, barreaudé, cadenassé ... totalement inaccessible pour le profane !).

Bonsoir !

Les longues soirées d'hiver sont là. Pour ceux que cela intéresse, voici des publications de l'AGURAM désignées sous le nom désormais un peu fourre-tout de "grenelle" des transports. Les pistes suggérées, bien timides à mon sens, sont loin de ressembler à la réforme fondamentale que les accords de Grenelle avaient apportée dans le monde du travail.

Je vous recommande de faire lecture des deux rapports qui figurent en bas de page, après avoir cliqué sur le lien :

https://aguram.us20.list-manage.com/track/click?u=8b3df84d4f030efca58a0209b&id=3e8e7fa5a4&e=f20df8c7b5

Nous pourrons ensuite débattre des sujets évoqués, sans avoir besoin de nous attarder sur certaines expressions "modernes" qui parsèment le texte ("le défi de la résilience", "une métropole polycentrique et transfrontalière", "l'explosion servicielle" ...). La novlangue a toujours de l'avenir.

Pour ma part, je préviens d'emblée que je reste sur ma faim. On navigue toujours dans l'esprit de lancer des études, de faire des constats mais, au bout du compte, agit-on réellement ? Il y a trente ans déjà, on comptait les véhicules aux entrées de Metz en questionnant les automobilistes sur leur motif de déplacement, pour quel résultat ...

Je reconnais cependant que l'on rencontre aussi de bonnes analyses, notamment celle qui met en exergue l'organisation particulière de la Meurthe-et-Moselle (peu de lignes régulières mais beaucoup d'initiatives locales complémentaires, et aussi la pertinence des syndicats regroupant les intercommunalités pour parvenir à un périmètre cohérent). La Moselle affiche le plus grand nombre de lignes régulières mais il faut fortement nuancer : une ligne de marché hebdomadaire est une ligne "régulière", et je ne reviens pas sur les régulières peau de chagrin intégrées dans les lots scolaires depuis septembre.

Bonsoir !

Alors que les transports interurbains se cherchent un avenir, comme le démontre la déception qui découle des résultats de nombreux appels d'offres, un petite initiative locale mérite d'être soulignée.

Au terme de cinq années de négociations, le Maire de Carling a obtenu que la ligne de car sarroise 184 joignant Völklingen à Lauterbach ne se contente plus de faire demi-tour dans sa ville par simple commodité après avoir passé la frontière, mais qu'elle y marque désormais un arrêt. La desserte est cadencée à l'heure et permet non seulement de rejoindre la Ville de Völklingen (son centre ville, sa Hütte, haut lieu du patrimoine sidérurgique ...) mais aussi d'y trouver correspondance pour Sarrebrück. Sachant que la transfrontalière St-Avold - Sarrebrück n'existe plus (elle prend désormais son départ de Hombourg-Haut), cette nouvelle desserte devrait être appréciée, y compris par les lycéens du Franco-Allemand.

https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwi_v6DKqbXuAhVE8BQKHTo_DdwQFjABegQIBhAC&url=https%3A%2F%2Fwww.saarfahrplan.de%2Fcgi-bin%2Fstboard.exe%2Fdn%3Finput%3D18803%26boardType%3Ddep%26time%3Dnow%26selectDate%3Dtoday%26maxJourneys%3D10%26productsFilter%3D1%3A1111111111%26start%3Dyes&usg=AOvVaw2l37loM9JjiBEIBn8xR_h0

C'est une bonne nouvelle pour les frontaliers et pour les échanges entre les 2 pays.
Pour ma part je trouve que cette ligne frontalière est une évidence (comme toutes les autres liaisons frontalières d'ailleurs !).
Enfin un peu de bon par les temps qui courent.

Bonsoir !

Grâce à une intéressante communication du Sénateur MASSON, l'on apprend que la Région se débarrassera à terme définitivement des transports médians des écoles primaires :

https://www.massonmoselle.fr/IMG/pdf/Transports%20scolaires.pdf

La Moselle l'a échappé de peu lors du renouvellement des contrats de septembre 2020 "grâce" à la crise sanitaire qui a fait reporter la mise en application.

La profession a du souci à se faire pour l'avenir : déjà qu'elle a du mal à recruter, si c'est financer un permis transport en commun pour travailler trois heures par jour et la moitié de l'année, qui va encore se diriger vers le métier ! Et ne comptons pas sur les communes pour prendre le transport méridien à leur charge, elles en auront rarement les moyens.

Dans la pratique, il est évident que les parents qui le peuvent iront chercher leurs enfants en voiture (en 4x4 ou en SUV !) à l'heure du déjeuner. Voilà le reflet d'une belle classe politique qui par ailleurs va nous prôner à toutes le sauces le virage écologique et la résilience ...

Bonsoir !

Voici venu le moment de tirer le bilan de l'exploitation du réseau régional en cette fin d'année scolaire. Du côté de la Moselle, cela ne présage décidément rien de bon. En matière de desserte des collèges, on note que depuis septembre 2022, une ligne a été supprimée à Morhange, une à Delme, deux à Faulquemont. A Dieuze et à Sarrebourg, des fusions de dessertes régulières et scolaires ont été observées.

S'agissant précisément du Collège de Delme, on peut relever que les élèves domiciliés en tête de ligne ont désormais dû s'accoutumer à friser l'heure de trajet matin ET soir. Souvenons-nous que les plus jeunes ont onze ans ...

Du côté du Sillon Mosellan, longtemps pionnier en matière de desserte, ce n'est guère plus affriolant : entre transformation des services réguliers Thionville - Metz en simples services associés limités au périmètre scolaire de proximité et suppression pure et simple de services, nous sommes désormais à mille lieues de la desserte cadencée à la demi-heure qui prévalait jusqu'à 2009.

Partout, les discours de bonnes intentions fusent en matière d'évolution des modes de déplacement, mais hormis la promotion de l'individualisme (peu importe qu'il s'exerce à deux en covoiturage, c'est toujours "en bagnole" !) et du culte "selon sainte-trottinette", force est de constater qu'il manque encore beaucoup d'esprit d'initiative de nos décideurs.

Bonsoir !

Cette fois-ci, ça y est, plusieurs fois reporté depuis 2020, l'abandon du transport primaire méridien par la Région semble décidé pour la rentrée de septembre 2024 en Moselle. On voit apparaître dans la presse locale quelques compte-rendus de délibération des conseils municipaux qui acceptent de financer sur leur propre budget mais je doute que cela se généralise au vu des faibles capacités financières des communes rurales. Dans ce contexte, la Région acceptera toutefois de financer une partie des frais selon une clé de répartition qui mériterait d'être clarifiée (entre dépense de personnel et frais du véhicule).

Mettons-nous également à la place des conducteurs, souffrant déjà pour la plupart du temps partiel, qui vont se voir notifier d'ici l'été une nouvelle diminution de leur quotité horaire de travail ... encore un gage supplémentaire d'attractivité pour le métier !